Mes lectures du mois : Novembre 99

Voici un avis (qui n'engage que moi ...) sur les dernières BDs que j'ai lu. Tous ces albums ne sont pas issus des Editions Delcourt et tous ne sont pas des nouveautés mais j'aime bien partir à la découverte d'auteurs qui me sont inconnus (sur les conseils de mes libraires favoris ou ... des vôtres).


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Comix 2000 : (Collectif - L'Association 1999)
Pour marquer le passage à l'an 2000 (et non le changement de siècle ...), l'Association nous pond un monumental pavé de 2000 planches (si, si,...) évidemment en noir et blanc et muettes. Les auteurs (329) proviennent de 29 pays du monde et offrent une large vision de ce qu'est la bande dessinée en cette fin de millénaire.
Un mot tout d'abord sur l'album en lui même : il a la taille et le poids du Petit Robert, la qualité du papier (très fin et pourtant très opaque) est remarquable et la reliure superbe. Du solide ! Le prix de vente, 365 F, peut sembler élevé mais correspond en fait à un prix de 18 centimes la planche ....
Le thème enfin : Le 20ème siècle au sens large (très large ...).

Bon, évidemment, je n'ai pas encore tout lu. Il faut aborder un tel ouvrage de façon totalement différente d'un album classique, une lecture séquentielle risquant vite de devenir indigeste ! Bref il faut "picorer" des histoires au hasard et donc parfois tomber sur des auteurs célèbres, parfois sur des histoires incompréhensibles et d'autres superbes ... Mais attention, cet album est édité par l'Association et l'esprit "underground" est omniprésent. Tout amateur de BD Franco-Belge risque d'être assez désarçonné par un tel album !!! N'espérez surtout pas tomber sur un Roba, un Bilal ou un Vallès au cours de votre lecture ....

En fait, la lecture de cet album m'a tout de suite fait penser à "Sandinista", mythique triple album des Clash. Album expérimental, patchwork de sonorités en tous genres, difficile d'accès mais tellement beau ...
J'espère tout simplement que Comix 2000 ne sera pas à l'Association ce que Sandinista a été aux Clash : leur chant du cygne ....

Hellboy T1 : Le diable dans la boîte (Mignola - Delcourt 1999)
Hellboy est un héros visiblement très connu des amateurs de comics et autres super-héros américain. C'est par contre une totale découverte pour moi. Et si cette absolue méconnaissance de l'œuvre de Mignola et de Hellboy rend la lecture de cet album plus difficile, j'ai tout de même été séduit par l'ambiance et le dynamisme de cette aventure au graphisme "gothique" rempli de démons et autres diables. Une découverte surprenante !

Journal d'un album : (Dupuy/Berberian - L'Association 1994)
Attention, chef d'œuvre !!!
Dupuy et Berberbian nous racontent dans un album ouvertement autobiographique la genèse du T3 de Monsieur Jean ("Les femmes et les enfants d'abord" aux Humanos).
Cet album nous dévoile donc les artistes au travail, leurs angoisses, leurs joies, bref, toutes les facettes de la création. Parfois très drôle, souvent émouvante, l'histoire de ces auteurs, de cet auteur à "quatre mains" se lit avec délectation.
Une grande réussite !!!

Lieutenant Mac Fly T1 : Que l'Air Force soit avec Vous (Duval/Barbaud/Afroula - Delcourt 1999)
17 aventures (mésaventures) du Lieutenant Mac Fly, pilote d'essai à Hellis, base ultra secrète de l'U.S Air Force .... Cet album est donc composé d'histoires courtes : gags en une seule planche qui m'ont fait (un peu) sourire ou d'autres plus longues que j'avoue largement préférer.
Fred Duval, scénariste des superbes Carmen Mc Callum et Travis se lance dans l'humour avec une certaine réussite même si les histoires les plus convaincantes ont toutes un fond de Science-fiction (ou Duval semble parfaitement à son aise !).
Petit problème tout de même, les transitions ne sont pas bien marquées ce qui parfois rend la lecture difficile.
Malgré tout, voilà donc un album sympa, assez frais, pas compliqué et qui se laisse lire d'une traite.

Paroles de Taulard (Corbeyran/Collectif - Delcourt 1999)
Corbeyran a recueilli des histoires simples et parfois émouvantes de 6 taulards de la maison d'arrêt de Blois. Ces récits, superbement mis en images par des dessinateurs plus que célèbres (de Davodeau à Baudoin en passant par M.A Mathieu ou Guerineau), donnent une évocation très forte d'un univers carcéral finalement assez méconnu.
Ces récits ne cherchent pas à interpeller le lecteur, ils montrent tout simplement la détresse de prisonniers qui pour avoir violé la loi doivent assumer une punition. Punition effectuée dans un monde d'ou il doit être bien difficile de sortir indemne...

La digue (Corbeyran/Alfred - Delcourt 1998)
Paul Gueuledamour accompagné de Virgine parcourent une digue séparant deux océans qui semble infinie et immuable,  à la recherche des mystérieux Archipithèques et surtout pour répondre aux insondables questions que pose cette construction ...
Alfred jeune et sympathique dessinateur Grenoblois signe en compagnie de Corbeyran (prolifique scénariste du Fond du Monde, Lie de Vin, ...) un album original qui se situe entre Horologiom de Lebeault et Ici Même de Tardi/Forest. Teinté d'absurdité, cette longue quête qui paresse parfois un peu, reste joliment dessinée.

Nash T4 : La fraternité blanche (Damour/Pécau/Schelle/Rosa - Delcourt 1999)
Voici le début d'un second cycle d'aventure de Nash, privé du futur. Envoyée par les soeurs Battuta récupérer une convoyeuse dans les montagnes neigeuses du Caucase, il va être confrontés aux mafias sibériennes et faire l'objet d'une chasse à l'homme impitoyable.
L'évolution du graphisme de Damour depuis le  premier album est véritablement impressionnant. Le trait s'est fait plus précis mais il en peut-être perdu en personnalité. Ce graphisme devient assez typique du label Séries B de Delcourt mais cette impression est sans doute liée aux superbes couleurs de Pierre Scelle et Stéphane Rosa coloristes de Travis et Goldel City, autres albums au label Série B.
Le scénario très dynamique est assez peu crédible et finalement assez peu original. Une petite déception !!!

Juan Solo T4 : Saint Salaud  (Bess/Jodorowski - Humanoïdes Associés 1999)
La rédemption ! Il est enfin temps pour Juan Solo de payer ses crimes. Pourchassé par son fils et ses ancien acolytes, affamé et dénué de tout, il trouve refuge dans une misérable chapelle d'un misérable village. Et là ...
Ce quatrième tome termine la série sur un ton radicalement différent des trois autres.
Autant, les premiers albums, d'une violence inouïe voir malsaine,  dont le premier degré et l'absence d'humour et de recul (mais que fait donc Famille de France ???) pouvaient surprendre voir choquer (Le T1 à tout de même reçu l'Alph-Art du meilleur  scénario à Angou 95...) autant on retrouve dans cet album un Jodorowski plus habituel avec le mélange des genres mysticisme, magie et fantastique (voir le Lama Blanc).
Curieusement, le graphisme de Bess revient au niveau du premier tome (excellent), comme si les T1 et T4 avaient été dessinés dans la continuité.

Juan Solo est une série qu'il est de bon ton de détester (violence gratuite, message ambiguë, ...), "politiquement incorrecte", un peu comme Carmageddon ou GTA, mais qu'à l'image de ces softs, j'ai bien aimé !