Mes lectures du mois : Novembre 2000

Voici un avis (qui n'engage que moi ...) sur les dernières BDs que j'ai lues. Tous ces albums ne sont pas issus des Editions Delcourt et tous ne sont pas des nouveautés mais j'aime bien partir à la découverte d'auteurs qui me sont inconnus (sur les conseils de mes libraires favoris ou ... des vôtres).


[Lectures 1999]
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Horologiom T5 : Le grand rouage (Lebeault - Delcourt - 2000)
Sous la pression du Gouverneur qui détient ses amis prisonniers, Mariulo accepte le duel qui doit l'opposer au Saint. Alors que le combat dégénère, le Prédicateur et le Gouverneur sont poussés dans le vide. Mu par une force implacable, Mariulo entraîne alors ses amis à sauter dans les entrailles d'Horologiom ...
Eh oui, c'est le dernier album de la série. Quel dommage ...
Terminer une série en apothéose est un exercice souvent périlleux. Fabrice Lebeault s'en tire remarquablement bien. Il dévoile les clés de cette citée totalement "déjantée" mais aussi l'origine de Mariulo.  
Si vous avez déjà acheté les précédents albums de cette série, nul doute que vous vous précipiterez sur le T5. Sinon, n'hésitez pas une seconde ...

Caroline Baldwin T6 : Angel Rock (Taymans - Casterman - 2000)
Caroline Baldwin est seule, et plus que déprimée, dans un petit bled de montagne. Elle dort au "Train Motel" et passe ses journées dans l’unique bar du coin, desserrant à peine les dents pour dire "Bonjour" et "Adieu" à Doug, le patron. Un beau matin, la petite ville est en proie à une certaine agitation : le Shérif, des équipes de secours font des allées et venues bruyantes.. Tout ce monde est là pour essayer de retrouver le corps de Steve Rodwell, disparu dans une avalanche alors qu’il tentait l’ascension du pic d"Angel Rock".
Décidément Caroline Baldwin n'est pas une héroïne comme les autres. Détective désabusée, paumée, alcoolique et ... séropositive !!! Excusez du peu. Et depuis le premier album, je lis ses aventures/déboires avec toujours autant de plaisir. Encore une fois, l'intrigue est pourtant bien mince. L'histoire a du mal à démarrer, traîne un peu en longueur et se conclue abruptement  en quelques pages...
Mais visiblement, Taymans a pris beaucoup de plaisir à dessiner ces grands espaces. Et le résultat est là : superbe ! Dommage que l'intrigue n'en est pas vraiment profité ...
Mais diable, que cette série, que Caroline est attachante ...

Les gamins T1 : Les gamins dans l'espace (Nesme/Omond - Delcourt - 2000)
Trois gamins – Mabel, Stanley et Timmy – se rendent chez l’oncle de Timmy, Onc’Zarbi, un inventeur touche-à-tout. Le vieil homme leur permet de jouer dans la cour, où s’entassent diverses machines plus étranges les unes que les autres, à condition qu’ils ne touchent à rien. Ils trouvent là une fusée, montent dedans… et décollent quand Stanley fait démarrer l’engin par inadvertance. Les voilà propulsés dans l’espace…et atterrissent sur une étrange planète orange.
Encore une fois, Omond frappe fort !!! Ce scénariste (qui commence tout doucement à se faire un joli nom dans le milieu) a le chic pour s'associer à des dessinateurs très prometteurs. Nesme nous offre en effet de somptueux graphismes haut en couleurs au service d'une histoire tout à fait adapté au public visé (7 - 10 ans). 
Décidément, Omond est bien plus à l'aise dans la collection Jeunesse que  dans les collections Neopolis ou Terres de Légende (Ninie, Mort Linden, ...).

M'as tu vu en cadavre (Tardi/Mallet - Casterman - 2000)
Paris, octobre 1956. Un certain Auguste Colin, alias "Nikolson" et artiste de son état, débarque chez Nestor Burma, le célèbre détective. Il veut voir Hélène, la secrétaire de Nestor. C'est un ami du père d'Hélène, et il a besoin d'argent. Burma et Hélène se rendent chez Colin pour constater que ce dernier a disparu.. Parti brusquement en tournée, dit-il, dans un mot d'excuse adressé à Hélène. Dans la foulée, Nestor Burma se rend chez Mado Souldre, Agent Artistique, qui lui demande d'enquêter sur Gil Andrea pour "lui éviter des ennuis"....
Quel déception !!! Je me suis vraiment ennuyé à la lecture de ce nouvel opus des aventures du célèbre Nestor Burma. On est loin (très loin) de "Brouillard sur le pont de Tolbiac" ou "120, rue de la gare". Mais ne connaissant pas très bien l'œuvre de Leo Mallet, je ne sais pas si c'est le roman qui est un ton en dessous ou l'adaptation qui pêche.
L'action est d'une lenteur désespérante, Burma ne semble pas très inspiré et surtout l'"atmosphère", élément clé des romans de Mallet, semble totalement absente de l'album.
En fait, cet album m'a rappelé la série TV du même nom (avec Guy Marchand, parfait). Série que j'adore mais trop souvent de qualité inégale ...

XIII T14 : Secret Défense (Vance/Van Hamme - Dargaud - 2000)
Un résumé de cet album est-il indispensable ???
Bon alors en gros, XIII n'est plus celui qu'il croyait être .... Incroyable non ???
Série tant décriée et même honnie d'une certaine "intelligentsia" de la bande dessinée, je dois avouer que j'ai trouvé la lecture de cet album assez divertissante même si le thème de poursuite (passablement éculé) se retrouve maintes et maintes fois dans cette série.
Mais bon, XIII, c'est surtout .... 500000 exemplaires !!!
Tout bénéfice pour Vance, Van Hamme (tant mieux pour eux) et pour Dargaud. Si ces bénéfices permettent à l'éditeur de soutenir des collections plus "difficiles" comme Poisson Pilote ou Aire Libre chez Dupuis avec LW, c'est parfait. Si ça fait la fortune de ceux qui (comme moi) ont acheté en EO les albums depuis le début, c'est encore mieux !!!
Mais quel dommage de ne pas avoir su (ou pu ...) arrêter cette série à temps ...


Carmen McCallum T5 : Deus Ex-Machina (Gess/Duval - Delcourt - 2000). 
Earp est aux mains de l'ONU, mais en son absence dans ses bureaux à 20:30, des millions de nano-machines se mettront en route et détruiront tout sur leur passage. Le temps presse. Pourquoi l'ONU a-t-il signé un accord de collaboration avec le Nevada pour l'arrestation de Earp ? Que reproche-t-on au gouvernement américain ? Comment Bugg va-t-il pouvoir neutraliser les nanodromes destructeurs ? Autant de questions qui font monter la pression au cours de cette journée qui peut se solder par la disparition de toute trace de vie sur la majeure partie du territoire américain.
Ce T5 termine un cycle de deux albums. J'ai trouvé ce cycle un peu en dessous du cycle précédent. La "baston" domine trop l'ensemble à mon goût ...
Reste que Carmen (et son pendant Travis) demeure une de mes série préférée de la collection Neopolis.

Gil Saint André T4 : Le chasseur (Vallee/Krahen - Glénat - 2000). 
Les pérégrinations de Gil St-André se poursuivent à grande vitesse au volant de la superbe Testarossa qu’il vient d"emprunter" à un gangster. Toujours à la recherche de sa femme Sylvia, il doit se faufiler tant bien que mal entre les mailles des filets tendus par la bande des "chasseurs", comme par la police toujours à ses trousses. Le lieutenant de police Djida Feschaoui, amoureuse du bel aventurier, essaie de l’aider et de le ramener à la raison. Mais Gil est déterminé. Il veut  retrouver coûte que coûte les ravisseurs de sa tendre et chère quite à devenir lui même ... le chasseur.
Le précédent album m'avais laissé sur une impression très mitigée. Si dans ce T4, l'histoire avance à un train d'enfer, la quête de Gil St André ne progresse pas d'un pouce et même si la lecture de cet album est assez plaisante, je reste un peu "sur ma faim".
Ce qui est un peu pénible c'est la capacité du héros à se tirer de n'importe quelle situation, à la manière d'un XIII, d'un LW bref un de ces héros récurrents qui masquent les faiblesses des scénarii et permettent de faire exploser les ventes d'un album.
Et puis, j'ai un peu regretté le peu de présence de Djida (seul personnage vraiment intéressant de cette série) dans ce volume ... 


Ibicus : T3  (Rabate - Vent d'ouest - 2000).
"Je serai riche un jour, elle me l’a prédit !" Depuis qu’une tsigane a lu la fortune dans les lignes de sa main, Siméon Ivanovitch Nevzorov est impatient ! Il usurpe le titre d’un aristocrate déchu, ramasse tout ce qui brille au milieu des cendres de la sainte Russie, adopte le mode de vie d’un dandy, et se lance dans le commerce des peaux. Enlevé dans sa chambre d’hôtel, il est retenu "par erreur" dans les locaux de la police, où il revoit le comte Chamborain. Les policiers sont à la recherche d’un ponte anarchiste responsable d’un trafic de diamants. Ils forcent Nevzorov à intégrer le contre-espionnage, véritable "état dans l’état", avec lequel il va devoir collaborer s’il veut sauver sa peau et tirer son épingle du jeu. Nevzorov, parfait délateur et suffisamment couard, les met sur la piste de Chamborain qu’ils vont essayer de coincer..
Bon, les deux premiers tomes de cette série sont de véritables chef d'œuvres ...  et ce T3 est encore plus abouti graphiquement (voir ci-dessus ce qu'en pense Thierry Bellefroid de BD Paradisio)....
Pourtant, j'ai été un peu (un tout petit peu) déçu par l'ensemble. Sans doute le tempo du scénario, l'impression de déjà vu ... 
Ca ne m'empêche pas d'attendre la suite avec impatience ..

La critique de Thierry Bellefroid dans BD Paradisio :
"A force d'insister, je finirai par paraître suspect : Pascal Rabaté est un génie. Génie du dessin, d'abord. Après avoir travaillé ses deux premiers tomes au lavis, il s'est mis à l'acrylique. Le résultat, à l'impression, n'est guère différent des deux premiers. Mais voir ses planches originales permet de comprendre tout le trajet effectué depuis les débuts de cette audacieuse adaptation d'Alexis Tolstoï. Avec l'acrylique, Rabaté travaille moins la transparence et davantage la matière. Il privilégie les gris. Et surtout, il se passe désormais totalement de crayonné. Seul le pinceau le guide. Le résultat est toujours aussi magique. Ibicus reste un souffle qui vous emporte à chaque album, quelles que soient vos attentes. Avec ses visages déformés et ses « effets de caméra », Pascal nous entraîne dans l'univers tortueux et sans scrupule du plus veule des héros de BD. Siméon Nevzorov est plus pleutre que jamais dans ce livre troisième. Et Rabaté le maltraite avec un plaisir évident. Brillamment réussie, cette adaptation n'a rien d'un roman mis en image. C'est de la narration, de l'image et de l'évocation. Car à l'instar d'un Guibert, Pascal Rabaté n'en rajoute jamais. Aucun détail inutile dans les décors, aucun frein à la lisibilité. Juste ce savant mélange de signifiant et d'esthétique. Prenez une planche au hasard, mettez-la sous verre. Ca y est, vous avez un très joli cadre ! Tout ça pour dire que les planches d'Ibicus ne sont pas seulement belles. Elles sont équilibrées, chaque case y a sa place et met les autres en valeur. Avec ce livre troisième, Pascal se montre bel et bien à la hauteur de ce qu'on peut attendre d'un dessinateur qui a reçu l'Alph'Art du meilleur album."