Mes lectures du mois : Octobre 99

Voici un avis (qui n'engage que moi ...) sur les dernières BDs que j'ai lu. Tous ces albums ne sont pas issus des Editions Delcourt et tous ne sont pas des nouveautés mais j'aime bien partir à la découverte d'auteurs qui me sont inconnus (sur les conseils de mes libraires favoris ou ... des vôtres).


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Ibicus T2 :  (Rabate - Vents d'Ouest 1999)
Je viens de relire ma critique du tome 1 (avril 99). J'ai été assez surpris de constater que je trouvais la lecture de cet album (le T1) "éprouvante". Eh bien ce n'est plus du tout le cas.
Au contraire je trouve le graphisme de Rabaté époustouflant !!! Epuré à l'extrême et pourtant très efficace : une merveille !
Le héros de l'histoire continue son périple dans une Russie secouée par la affres de la révolution et de la grande guerre. Tour à tour riche propriétaire puis ruiné, le petit comptable, toujours autant cynique et détaché de la réalité croit encore plus fermement en sa destinée.
Le rythme de cette série ne faiblit pas au cours de cet album, par contre, il devient encore plus dur, presque glacial....
Un album très marquant qui mérite tous les superlatifs qu'on peut entendre à son sujet !

Arq T3 : Mémoires 2 (Andréas - Delcourt 1999)
Ce troisième tome (assez violent) termine le prologue d'une série prévue en 18 (à confirmer ...) volumes !!! Les 5 personnages principaux ont désormais été présentés. L'intrigue va enfin pouvoir démarrer !
La lecture de cette série est vraiment passionnante. Andréas sème tout au long de planches ahurissantes (!!!) de nombreux indices et semble s'amuser avec le lecteur qui est obligé sans cesse de revenir sur les planches et les albums précédents.
Même si cet album semble moins maîtrisé graphiquement que Cromwell Stone (la rapidité d'Andréas pour la réalisation de cette série est assez étonnante, ceci pouvant expliquer cela ...),  sa créativité, sa complexité  m'ont enthousiasmé !

Terres d'Ombre T3 : Chrysalide (Gibelin/Springer - Delcourt 1999)
Voici un album (il termine la série) qui ne laisse pas indifférent !!! En effet, la fin surprenante déçoit fortement certains lecteurs , alors que d'autres reconnaissent un certain "panache" aux auteurs pour avoir osé une telle conclusion.
En fait, mis à part quelques planches graphiquement bâclées, cet album qui à le mérite de conclure la série, reste homogène avec les deux premiers tomes.
Donc, toujours autant de violence, toujours ces clins d'œil qui égayent une série très sombre mais qui reste bien au dessus de la production très "stéréotypée" de l'Heroic-fantasy habituelle.

Lie de vin : (Corbeyran/Berlion - Dargaud Long Courrier 1999)
Avec la collection Long Courrier, la maison Dargaud essaye d'imiter la très célèbre collection Aire Libre de Dupuis. Avec cet album, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle y arrive brillamment.
Mieux même, Lie-de-vin fait immanquablement penser au remarquable Sursis de Gibrat. Un graphisme très léché, des couleurs (directes) envoûtantes et l'ambiance ... ahhhh, l'ambiance ... Un petit village tout près de la désertification ou rien ne se passe .. ou rien ne devrait se passer ...
Lie-de-vin,  jeune adolescent marqué au visage par la fameuse "tache de vin" va se trouver mêlé à une mystérieuse affaire qui l'aidera à se débarrasser de ses angoisses et à recomposer un passé éclaté  ...
Une magnifique réussite du duo, bien au dessus de leur production commune précédente (Le Cadet des Soupetard et Sales Mioches).
Un album à ne rater sous aucun prétexte !!!

Le réducteur de vitesse : (Blain - Dupuis Aire Libre 1999)
On retrouve souvent dans la collection Aire libre de Dupuis le meilleur de la production "mainstream". Et voilà qu'avec le Réducteur de Vitesse de Blain, figure un album qu'on imaginerait plutôt au catalogue de l'Association (à part le fait qu'il soit en couleur ....). Une sacrée surprise, quoi !!!
Le Réducteur, album hors norme, au graphisme déroutant (cases souvent en bichromie, premières planches un peu difficiles) ne rencontrera sans doute pas le succès du Sursis de Gibrat. Pourtant l'histoire, qui peut offrir plusieurs niveaux de lecture, est véritablement insolite et prenante : Trois marins se sont aventurés dans les profondeurs d'un cuirassés. Leur parcours, d'abord insouciant puis rapidement angoissant, va les mener jusqu'au fameux réducteur de vitesse ou va se nouer le drame ....
Encore une fois, le cahier spécial de huit pages qui explique la genèse de l'histoire apporte un énorme plus (mais dévoile un peu trop le scénario : à lire après ...)
A découvrir en urgence si vous n'avez pas peur de vous éloigner des sentiers battus ...

Parano Un monde Merveilleux T1 : Chauzy - Casterman 1995)
1er opus de la série "un monde merveilleux", cet excellent album reste un peu en dessous de Béton Armé. Constitué de 7 histoires courtes, il nous montre, un héros bien ordinaire (artiste de gauche un brin intello ... Chauzy ???), toujours en proie avec des visions récurrentes, plongé dans des situations autant caricaturales qu'hilarantes.
Parano et Béton Armé (beaucoup plus que La Peau de l'Ours, plus anecdotique) : deux albums indispensables !

Cromwell Stone / Le retour de Cromwell Stone (Andreas Delcourt 1990/1994)
Encore des albums difficiles !!!
Considéré comme le chef d'œuvre graphique noir & blanc d'Andréas, "Cromwell Stone" et l'indispensable "Retour ..." imposent au lecteur un impressionnant effort cérébral. Pas simple d'appréhender les planches aux "découpages vertigineux et qui éclatent complètement le sens de l'espace" (merci Serge). Pas simple non plus de suivre Cromwell Stone confronté à de mystérieuses disparitions dans un scénario d'Andréas raffiné jusqu'à en être obscur.
Un peu complexe pour moi ...

Le Colporteur (Arn/Tirabosco Delcourt 1999)
"Umberto se réveille un jour dans sa maison renversée, flottant dans les airs et balayée par les vents. C'est le début pour lui d'une quête introspective et de rencontres improbables. S'inspirant de la Cabale, des tarots et de l'imaginaire populaire du carnaval, "Le Colporteur" est aussi un pur moment de poésie."
Voilà ce qui est écrit sur le 4ème de couverture de cet album (en noir et blanc) de la collection encrage. Problème, malgré un graphisme surprenant qui fait parfois penser au Mur de Pan de Mouchel, ce récit teinté d'onirisme ne m'a pas emballé. Sans doute un manque de culture (les thèmes évoqués plus haut ne me sont pas familiers ...). Un album (très) difficile d'accès...

Le Crépuscule des Anges : T1 Poppéa & T2 Le Maestro (Reculé/Desberg Casterman 1998/1999)
Poppéa, diva en devenir, doit fuir le Vienne de Mozart après avoir défiguré Signor Pasquali qui tentait de la violer. Elle retourne en Italie retrouver son père ou elle devra affronter son passé, ses démons et Pasquali, ivre de vengeance.
Si les magnifique couleurs du premier tome pouvait faire oublier une histoire un peu lisse, le second tome visiblement bâclé (graphiquement) m'a un peu déçu. Et pourtant ce scénario contenait quelques éléments originaux qui auraient mérités une meilleure utilisation.
Le scénariste, Desberg est l'auteur d'un superbe album dans la collection Aire Libre de Dupuis : "la 26ème lettre".

La Mano Nera : T1 Ce qui est à nous (Le Saëc/Chauvel Delcourt 1999)
Chauvel est-il en train de devenir le Cothias de Delcourt ? Il scénarise en effet plus de 10 séries (ou albums) chez cet éditeur !
Et il nous refait le coup d'Arthur, avec une (très) longue série qui va retracer la "véritable" histoire de la Mafia. Cette série très ambitieuse a d'ailleurs déjà été entreprise par Corteggiani (et trois dessinateurs différents) dans la série "De Silence et de Sang", 11 volumes paru chez Glénat dans la collection Vécu, mais dans un style sans doute moins réaliste.
Dans ce premier épisode, Chauvel profite d'une anecdotique affaire de racket pour nous présenter Capone, Luciano et Costello encore adolescents mais déjà chefs de gang !
Malgré son coté quasi documentaire obligatoire pour ce premier album (présentation des lieux et des protagonistes principaux de l'histoire), il donne un bon départ à une série dont la pagination particulière (32 pages) devrait permettre un rythme de parution élevé (tous les 9 mois). A suivre ...

Tokyo est mon jardin : (Boilet/Peeters Casterman 1997)
Magique : cet album est magique !!!
Plus encore que Love Hôtel (précédent opus du duo), cet album représente un véritable sommet de la BD.
Nous retrouvons le David Martin de Love Hôtel deux ans plus tard, toujours à Tokyo, mais beaucoup mieux intégré dans cette ville qu'il "pratique" désormais parfaitement. D'ailleurs, le ton change entre les deux albums, le comique de situation et le ton décalé lié aux mésaventures et maladresses du héros confronté à une culture radicalement différente est remplacé par un ton plus optimiste et chaleureux. Le graphisme aussi, moins touffus, plus aéré devient plus accessible (et préfigure celui de Demi-tour).
Avec cet album, nous partons à la découverte d'un Japon (et de sa capitale) authentique, bien loin des clichés véhiculés sur ce lointain pays dans le cadre d'une aventure très prenante parfois émouvante et souvent drôle. Un grand moment de bonheur ...
Alors c'est vrai, 240 F pour ces deux albums, c'est assez cher (incompréhensible politique de Casterman ...), ça représente presque 5 Largo Winch, mais il n'y a pas photo .... Vraiment !

Si vous avez aimé cet album ou souhaitez en savoir plus, voir la longue et passionnante critique de Frank Aveline parue dans l'Indispensable N°1disponible sur Spoutnik ou vous trouverez aussi un (très) long interview de Boilet.

Max et Zoé : T1 Les voleurs de roues (Davodeau/Joub Delcourt 1999)
Encore une bonne surprise dans la collection Jeunesse de Delcourt ! Cet album scénarisé par Davodeau (voir le superbe "La gloire d'Albert" du même éditeur) et dessiné par Joub, est destiné à des enfants de 7-8 ans.
Max et Zoé en compagnie de leur père et de Cambouis, leur camion qui parle, doivent livrer un stock de roues. Sur leur chemin, il leur faudra affronter le désert, des vertigineuses montagnes et  ... les voleurs de roues.
Le scénario, qui rappelle un peu "100 000 $ au soleil" ou le "salaire de la peur" est très dynamique et reste soutenu par le graphisme soigné de Joub. Et puis, pour ne rien gâcher, la qualité de fabrication est là (cahiers cousus) et le prix (55F) pas trop excessif pour un livre pour enfants.