Petrus Barbygere : critique de [XaV]


"Les mots sont les étoiles des choses. [...] Et dire que d'aucuns pisse-froid en jugent certains inusités, obsolètes, et les condamnent à l'oubli. Je crains qu'un jour, hélas, les dirigeants de l'asphalte n'obligent à leur rogner les ailes afin de pouvoir les introduire dans des machines sans rêve."
Ce passage pourrait suffire à résumer Petrus Barbygère : une série qui n'existe que par admiration du roman picaresque, pour le plaisir des mots et l'amour de la langue. Préparez-vous donc à plonger dans un univers très littéraire, où les références à Shakespeare sont légion, et où Cyrano de Bergerac n'est jamais très loin. Soutenu par le dessin très sombre de Joann Sfar (et ses hordes de personnages étranges que l'on croirait tout droit sortis du Nightmare before Christmas de Tim Burton), ce récit en forme de conte nous entraîne à la poursuite d'un affreux pirate, pour le simple plaisir d'affronter les légendes et de créer du merveilleux. Alors oui, c'est parfois un peu bavard et cela tourne par endroit au récit illustré, mais la verve et l'entrain de ce personnage haut en couleurs emportent tout.
Un livre d'enfants pour adultes, un dépaysement rafraîchissant. A découvrir.