Amenophis IV : critique de Thierry Bellefroid [chroniqueur sur BD Paradisio]
Dieter s'aventure en SF après avoir exploré la plupart des autres genres de
BD. Et ma foi, le résultat est loin d'être mauvais. Même s'il est toujours
difficile de se faire une idée d'une série sur le seul premier album, «
Demy » est une bonne histoire, parce qu'elle transpose le roman policier dans
une univers utopique intéressant. La colonie terrienne établie sur Mars est
en effet à la recherche de la société idéale, fondée sur une exacte répartition
des tâches et des individus et sur un contrôle psychologique permanent de la
population. Même la religion y est rigoureusement planifiée (et on le verra,
transgresser les règles en la matière, peut mener loin). Le personnage
principal, l'officiant Barhile, est par ailleurs très réussi. Il campe à
merveille ce rôle de « curé » du futur, pas trop à cheval sur les
principes et très réaliste face aux événements. Les événements, en
l'occurrence, pourraient renvoyer à une simple histoire de serial killer,
puisqu'il s'agit de meurtres en série. Mais il y a les messages qu'envoie le
tueur au prêtre et leur signification ésotérique, qui rendent la chose
beaucoup plus mystérieuse et justifient pleinement le choix d'un cadre
science-fictionnel. Manchu ajoute à l'ensemble une touche personnelle qui
s'exprime à travers des décors très réussis et un design général tout à
fait crédible. Créateur d'univers, il donne du souffle à l'ensemble et fait
parfois oublier les faiblesses du dessin d'Etienne Le Roux. Sa plus belle réussite,
ce sont incontestablement ces primates clonés pour servir les terriens, les
« Anthros », qui rappellent la Planète des Singes et qui seront sans doute
des personnages-clés dans la suite de l'histoire.