Le Vent dans les Saules T3 : critique de Thierry Bellefroid [chroniqueur sur BD Paradisio]


Le vent dans le saules est l'adaptation d'un roman de Kenneth Grahame. Je n'apprends rien à ceux d'entre vous qui ont lu les deux premiers tomes. Ceux-là n'hésiteront pas un instant à acheter ce nouveau volume. Les autres feraient bien de se dépêcher de commencer. On est en face de l'une des plus belles BD animalières qui aient jamais vu le jour ! Plessix est au sommet de son art. L'envie de réaliser cette adaptation périlleuse a manifestement « boosté » son talent. Dès le premier album, les petits habitants des sous-bois sont apparus comme enchanteurs et magnifiquement touchants. Les trois principaux protagonistes, Rat, Taupe et Crapaud, renvoient évidemment aux hommes, chacun incarnant un trait de caractère, une manière de vivre propre aux humains. Mais ce conte animalier n'est pas qu'une variation des Fables de Lafontaine. Il s'agit aussi et peut-être même surtout d'un hymne magnifique à la nature. Cette fois, Plessix nous propose de l'écouter, cette nature. Cette « Echappée belle » est bruissante, chantante, vrombissante, parfois. Déjà qu'on avait presque l'impression de sentir les odeurs en lisant les deux premiers albums ! Et puis, il y a les couleurs. Proche du travail des impressionnistes, Plessix nous offre de petits tableaux d'une justesse incroyable. Les lumières de l'aube, à l'heure où le noir se transforme en bleu, sont tout simplement parfaites. Chaque case est un tableau. Chaque page pourrait devenir une sérigraphie. Quant à l'histoire elle-même, elle doit évidemment beaucoup à son créateur, Kenneth Grahame, mais celui qui prendra Plessix en défaut sur son adaptation n'est pas arrivé. L'exercice n'est pourtant pas aussi facile qu'il y paraît. Essayez, pour voir. Lisez un roman, puis faites-en un synopsis de BD. Si vous arrivez au même résultat que Plessix, pas de doute, il est temps de vous chercher un éditeur et un dessinateur !