Les trois chemins : critique de Thierry Bellefroid [chroniqueur sur BD Paradisio]


Il nous manque, Sergio Garcia. Entré en BD par la grande porte, chez Dargaud, avec les « Géographies Martiennes », cet illustrateur espagnol n'a pas pu aller au-delà des trois premiers albums. C'est bien dommage. Son univers et surtout son graphisme ne cessaient d'évoluer, de surprendre. Allez savoir comment il lui est venu à l'idée de travailler avec Lewis Trondheim. Toujours est-il que ces deux-là étaient faits pour s'entendre. Leurs « Trois chemins » pourraient bien prendre celui d'un prix à Angoulême. Car cet album est l'un des plus inventifs et des plus originaux qu'il m'ait été donné de lire dans cette catégorie « jeunesse » qui s'adresse aux plus jeunes lecteurs. Entrer dans « Les trois chemins », c'est entrer dans son propre cerveau ; personne ne lira cette BD de la même manière que son voisin. Pourquoi ? Tout simplement, parce que cette histoire, comme son nom le laisse sous-entendre, emprunte plusieurs chemins à la fois. Pas de cases, juste trois niveaux de lecture (parfois plus) qui se croisent périodiquement et où les héros vivent des histoires à la fois linéaires et en rapport avec le niveau du dessus et celui d'en dessous. Je sais, dit comme ça, ça a l'air un peu compliqué, mais quand on ouvre l'album, on tombe sous le charme. A chaque page, on peut choisir sa façon de lire : commencer par en bas, par en haut, suivre un des niveaux jusqu'à une intersection avec l'autre et suivre l'autre jusqu'à une intersection avec le troisième ou bien lire un seul niveau d'un bout à l'autre de la page avant de passer aux autres... Chacun fait fait fait... ce qui lui plaît plaît plaît ! C'est drôle, intelligent, ça provoque une lecture très active, loin du fast-food qu'on sert trop souvent dans la BD. Une BD à faire lire à vos enfants, neveux, nièces, petits cousins...