Le roi catastrophe T1 : critique de Thierry Bellefroid [chroniqueur sur BD Paradisio]


Avec Adalbert, Lewis Trondheim confirme qu'il n'est jamais meilleur que dans les histoires de gosses. Et que plus elles sonnent « cour de récré », plus elles font rire. Les « Cosmonautes du futur » l'avaient déjà prouvé. La série « Monstrueux... » (Monstrueux Bazar, Monstrueux Noël, etc...) l'avait confirmé. Ce « Roi catastrophe » nous en donne la preuve éclatante. Non seulement le langage de Trondheim est juste, mais en plus son univers est d'une féroce drôlerie que le dessin très cartoon de Parme vient presque souligner en contrepoint. Car si jusqu'ici, les BD « enfantines » de Trondheim étaient volontiers poétiques et exaltaient une imagination foisonnante, cette fois, il y a un côté délibérément « sale gosse » qui est purement jouissif. Adalbert est un petit roitelet capricieux, colérique, égoïste au dernier degré. A tel point qu'il rêve de régner sur un monde où tous les enfants auraient ses traits et son caractère. Aussitôt rêvé, aussitôt ordonné : et voilà que des clones d'Adalbert remplacent tous les petits enfants du royaume. Mais bien vite, surgissent d'énormes problèmes que le tyran en culottes courtes n'avait pas prévus. Chaque histoire est un modèle d'humour, de dérision et de sympathique ironie. Celle du pique-nique est très drôle même si le lecteur aura assez vite compris où l'auteur veut en venir. Celle des mémoires d'Adalbert est peut-être moins comique, mais elle n'en est pas moins traitée avec brio. Il faut dire que le dessin « libre » de Fabrice Parme, à la manière des albums de la série « Monstrueux » (c'est-à-dire sans bords de cases sur un papier de couleur) met en valeur une stylisation remarquable qui donne en quelques traits des éléments d'une grande lisibilité et des visages très expressifs. Les enfants devraient adorer ce nouveau personnage, mais les adultes ne devraient pas le bouder non plus. Il renvoie à tous les côtés capricieux que nous avons développés, chacun à notre manière, lorsque nous pensions être les rois du monde, testant notre autorité d'enfant sur les adultes qui nous entouraient. L'une des très bonnes surprises de cette collection pourtant déjà d'un excellent niveau !