Les Ostings T1 : critique de Thierry Bellefroid [chroniqueur sur BD Paradisio]
Sardon en couleur, pourquoi pas ? D'autant que c'est Walter, le coloriste de Trondheim, qui se charge de la chromie parfois assez violente de cet album décoiffant. Les Ostings sont une famille de squelettes sans histoires. Du moins, jusqu'à ce que, l'ennui aidant, ils en viennent à provoquer la naissance d'encombrants voisins par le seul pouvoir de leur imagination. Les situations très comiques qui découlent de cette coexistence difficile rappelleront à la fois l'irruption de la famille Séraphin Lampion à Moulinsart et « La vie est un long fleuve tranquille » de Chatillez. Car l'idée d'Anne Baraou est de nous rejouer la différence de classe parmi ces squelettes. D'une part, les Ostings qui vivent dans leur manoir, des gens très comme il faut, mais « coincés du bulbe », aux dires de leurs voisins. De l'autre, la famille sans-gêne par excellence, les Zintrux. Au milieu, un petit garçon et une petite fille qui n'ont pas du tout envie de devenir copains... et un adorable chien. Les dialogues sont savoureux à souhait. Tout cela est très mignon, malgré la référence à la mort qu'implique l'usage de héros squelettes. Finalement, Anne Baraou ne s'en sert que pour installer le fantastique dans son récit, mais ses deux familles rivales sont plus humaines que les humains. Le résultat est un conte amusant, inattendu, joliment dessiné par Vincent Sardon qui signe là une belle incursion dans le monde de la BD pour enfant. Il faut dire que son graphisme l'y prédisposait.