Donjon Potron Minet T-98 : critique de Thierry Bellefroid [chroniqueur sur BD Paradisio]


La multinationale Donjon ne devrait pas tarder à être cotée en bourse. Il faut dire que Sfar et Trondheim y sont au moins aussi prolifiques que dans leurs activités parallèles. Les nouveautés se suivent au rythme d'une par mois, c'est dire si les idées sont là ! Encore faut-il les traduire sur le papier. L'apport de nouveaux dessinateurs devient donc une nécessité. Blain et Larcenet seront bientôt rejoints par Mazan et Jean-Christophe Menu. Qu'on ne s'y trompe pas : toutes ces signatures ne rejoignent pas la multinationale Donjon pour se faire leur pécule de vacances mais parce qu'on s'y amuse. Et parce que ces dessinateurs font partie de cette « nouvelle » génération issue de L'Asso et consorts pour qui le talent se combine aussi avec le partage. Le paysage BD est en train de changer sous leur influence. Un peu partout essaiment leurs projets communs. A L'Association, bien sûr, mais aussi chez Dargaud, Dupuis ou ici, chez Delcourt. Ces « gens » aiment travailler les uns avec les autres et ça se sent ! La preuve, les deux Potron Minet dessinés par Christophe Blain sont parmi les meilleurs albums des séries Donjon.
Après une excellente « mise en bouche » (La chemise de la Nuit, ndlr), ce deuxième Potron Minet nous emmène dans un monde d'une insoupçonnable poésie médiévale. On réinvente à la fois « Donjon et Dragon » (mais ça, c'est la marque de fabrique de tous les albums Donjon), les histoires de justicier masqué, celles de cape et d'épée, les amours romantiques aussi. Tout ça avec un humour omniprésent, une totale envie de ne pas se prendre au sérieux et un imaginaire débordant. Hyacinthe de Cavallère, dit « La chemise de la Nuit » est sans doute l'un des héros les plus attendrissants du Donjon. Et Blain lui donne vie avec un évident plaisir. Pour le nôtre !