Donjon Zenith : critique de Thierry Bellefroid [chroniqueur sur BD Paradisio]
Au départ, il semblait s'agir d'une envie de détente de Lewis Trondheim et
Joann Sfar. Mais Donjon est rapidement devenu une institution et l'un des
piliers (voire LE pilier) de la collection « Humour de rire ». Donjon, désormais
en vitesse de croisière, ne cesse de surprendre et même de s'améliorer.
Avant d'aller plus loin, je confesse ici que cette « princesse des barbares
» est de loin mon album préféré dans toute la série. Parlons-en une
minute, de la série. Pour ceux qui n'arriveraient pas à s'y retrouver,
sachez qu'il s'agit d'un univers se déclinant sur trois époques distinctes.
Il y a les temps anciens, c'est Donjon Potron-Minet, un album existant numéroté
-99. Les autres devraient aller jusque zéro. Il y a l'époque de la
splendeur, c'est Donjon Zénith, dont les tomes iront de 1 à 100 (on en est
à 3...). Et enfin, il y a la décadence, c'est Donjon Crépuscule, dont les
tomes vont de 101 à 200 (ici, on en est à 101). Bref, de quoi faire... trois
cents albums (le pire, c'est que s'ils vivent assez vieux, ces deux-là en
sont bien capables !)
Depuis le départ, l'humour de Trondheim et celui de Sfar nous valent de
suivre des aventures totalement farfelues à la suite de personnages déjantés.
Le principal est sans doute Herbert le canard, condamné dès le premier album
à accomplir trois hauts faits à mains nues pour pouvoir se servir de son épée,
l'Epée du Destin. On croyait qu'il n'y arriverait jamais. Eh bien si. Le plus
drôle, c'est qu'il ne s'en était pas aperçu lui-même et que finalement, ça
lui fait une belle jambe, de pouvoir tirer l'épée de son fourreau. A part ça,
quoi de neuf ? Eh bien, tout d'abord, une délicieuse héroïne siamoise,
princesse de son état, dont Herbert invente le rapt pour attirer les
aventuriers au donjon, avant de s'apercevoir qu'il a aussi rameuté le père
de la jeune fille, persuadé qu'elle y est bel et bien détenue. Pas de
chance, il va falloir faire face. Et ce sera d'autant plus compliqué que la
princesse en question est en fugue et poursuivie par un frérot qui ne lui
veut pas que du bien. Des ingrédients qui semblent tout ce qu'il y a de
classique, mais le traitement que leur font subir les auteurs ne l'est pas du
tout. On rit sans peine, notamment lorsque la princesse rencontre les ogres et
tente de leur soustraire un repas qui n'est autre qu'un mignon petit
nourrisson. C'est délicieux, drôle et toujours surprenant. Si vous avez aimé
les autres, vous raffolerez carrément de celui-ci !