Le Chant de la machine : critique de Thierry Bellefroid [chroniqueur sur BD Paradisio]


J'en ai mis du temps à me décider à lire cette BD.
Faut dire que je ne suis pas un dingue de la House Music. Alors, la perspective de me plonger dans son histoire en près de 100 pages pour ce premier volume et à peu près autant pour le second me tentait assez peu. Mais à la faveur d'une fin d'après-midi pluvieuse, j'ai finalement décidé de m'y mettre. Et je n'ai pas été déçu ! « Le chant de la machine », c'est d'abord pour les ignares dont je fais partie (mais quand on lit les sources et les explications de David Blot, qui ne l'est pas, en la matière ?) une plongée en apnée dans le vaste monde de l'inconnu. J'ai appris tant de choses à la lecture de cette BD que je me demande si je pourrai en retenir le quart. L'érudition de David Blot est phénoménale et si comme moi, la musique vous intéresse sans pour autant que vous vous y connaissiez vraiment, c'est le moment où jamais d'en apprendre un peu plus. Evidemment, rien n'est meilleur qu'une bonne bande son pour goûter pleinement cette BD (un peu à la manière de ce bon vieux Jonathan de Cosey, à part qu'ici, vous entendez ce qu'il y a dans les cases !) et les auteurs ont même pensé vous renseigner sur ce que vous pourriez trouver chez les bons disquaires. Ils ont aussi « leur » compile, chez Source/Virgin et à défaut d'autre chose, c'est ça que je me suis mis en lisant.
Venons-en à l'aspect purement BD de cette histoire. Là, j'avoue que je suis partagé. Avec son dessin noir et blanc façon Crumb (en plus sage), Mathias Cousin n'a pas nécessairement choisi la facilité. Il y a des pages très bavardes et le ton général est plus proche de l'Oncle Paul que d'une histoire BD traditionnelle. L'inconvénient de la formule est donc aussi son avantage : on apprend beaucoup parce que ça foisonne d'infos et d'anecdotes... mais ça foisonne tellement d'infos et d'anecdotes que c'en devient lourd et indigeste, parfois. A vous de choisir. Moi, je me dis que je n'aurais jamais ouvert un livre qui aurait eu le même titre. Alors, même si je pense que la matière de cet album aurait été utilisée à meilleur escient dans un livre, je dois reconnaître que sa transposition en bande dessinée en rend l'accès plus aisé pour une série de gens, dont moi. C'est donc gagné. Car le pari des auteurs devait bel et bien être celui-là !