Martha Washington : critique par Xavier Guilbert


Voici de nouvelles aventures pour Martha Washington, qui cette fois-ci va se trouver opposée à un ordinateur devenu fou et incontrôlable, quelque part du côté de Jupiter. Une nouvelle mini-série, et toujours le même duo aux commandes.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas cette demoiselle, elle a fait sa première apparition dans le fameux Give Me Liberty (paru chez Zelda sous le titre Liberty : Un Rêve Américain), une critique acerbe et visionnaire d'une Amérique en décomposition, dans la droite lignée de John Brunner et son Stand on Zanzibar (Tous à Zanzibar, à lire absolument).
Mais justement, c'est là que le bât blesse : était-il vraiment nécessaire de donner une suite à l'excellente première série ? Frappée du syndrome XIII, Martha Washington est désormais un personnage recyclé et sur-utilisé, parachutée dans un scénario de science-fiction plutôt mièvre, et bien loin de son statut emblématique originel.
Même Dave Gibbons, pourtant impeccable dans les précédentes moutures, semble se laisser aller : les vues de l'espace utilisées en toile de fond ont été réalisées sur ordinateur, et le mariage avec son dessin n'est pas des plus heureux.
Martha Washington Saves The World. Faut-il voir dans ce titre grandiloquent – que pourrait bien faire de plus Martha Washington après ce coup d'éclat ? – le signe de la fin d'une série, de la volonté de la part de Frank Miller de s'opposer à l'exploitation d'une œuvre qui n'aurait jamais dû voir le jour ? Il faut l'espérer, même si l'on pensait avoir atteint le fond avec le précédent opus (Happy Birthday Martha Washington ... même l'argument d'une critique ouverte de l'inanité d'un marché dominé par une sur-consommation absurde ne résiste pas à ça) – on préférera alors, sans hésitation aucune, se replonger dans Give Me Liberty en tentant d'oublier ces suites inutiles.