Black Hole : critique de [XaV] de Du9


Dès les premières pages, dès la couverture même, Charles Burns nous happe et nous emmène. Avec une fascination qui touche au malsain, nous voilà en train de passer de l'autre côté, de découvrir un univers terrifiant qui réveille en nous une peur ancestrale : la crainte du monstre. D'un dessin noir et glacé, il campe des personnages au bord de l'irréel, dont les regards étranges ne sont plus tout à fait humains. Et de ces êtres inquiétants ou des monstres difformes, on ne sait plus vraiment qui il nous faut craindre.

Mais Charles Burns ne se contente pas d'instaurer une atmosphère aussi lente qu'oppressante. Avec une maîtrise aiguë du cadrage, il orchestre savamment le ballet des symboles et des échos oniriques, construisant un récit dont le thème principal est la métamorphose, le passage irréversible vers l'inconnu : changer de peau ou de visage, tomber malade ou perdre sa virginité, le merveilleux est toujours teinté de terrifiant ...

Pour ces personnages en devenir, cette maladie n'est qu'un aspect de plus de l'atrocité du changement. Car demeure en filigrane de ce récit subtil et humain cette angoissante question : quel est le monstre que je cache en moi ? )
Etrange et fascinant.