Petit Verglas T1 : critique de Thierry Bellefroid [chroniqueur sur BD Paradisio]
Infatigable, Eric Corbeyran. Mois après mois, il multiplie les sorties et les
nouvelles séries, pour la plupart chez son éditeur de référence, Guy
Delcourt. Et ce n'est pas fini, puisque les « Stryges » s'enorgueilliront
bientôt d'une nouvelle série intitulée « Le clan des chimères » (elle déclinera
le thème ses stryges à l'époque médiévale et sera dessinée par Michel
Suro, parution probable début 2001). Plus le temps avance et mieux les
univers créés par Corbeyran semblent maîtrisés. Après les très réussis
« Abraxas » et « Maître de Jeu », voici donc « Petit Verglas », réalisé
avec un parfait inconnu (Riad Sattouf réalise ici sa première BD après des
débuts dans l'illustration et l'animation). Autant le dire tout de suite, cet
album dégage quelque chose. D'abord parce que les deux personnages principaux
sont aussi originaux qu'attachants. Deux enfants. L'un a le pouvoir de guérir
par les mains et cultive son don avec humilité. L'autre, une petite fille,
finit par s'échapper de la pièce où elle vit recluse depuis sa naissance à
la suite d'une expérience comportementale démente tentée par son père et
dont elle a fait les frais. Le destin les fera se rencontrer et l'histoire
pourra commencer.
Les dessins et les couleurs sont très beaux, surtout si l'on tient compte du
fait qu'il s'agit d'un premier album pour Riad Sattouf. L'ambiance campagnarde
pas très définie (mais qui sent la Bretagne) est bien rendue, les deux
enfants sont très expressifs, les adultes sont peut-être un peu « rugueux
» mais cela correspond finalement assez bien au rôle que Corbeyran leur
assigne dans l'histoire. Bref, une belle bande dessinée, même si le revers
de la médaille est encore et toujours que pour développer un univers intéressant,
le carcan de 46 planches est désespérément étriqué. Résultat, une fois
de plus, il s'agit surtout d'une mise en place, voire d'une mise en bouche.
Non pas qu'il ne se passe rien (bien au contraire) dans ce premier épisode.
Mais qu'il se termine de manière abrupte et frustrante, comme toujours dans
ces cas-là. Ne reste plus au lecteur qu'à patienter jusqu'au suivant,
puisque telle est la règle, principalement chez Delcourt, dont les one-shot
se comptent sur les doigts de la main.