Les compagnons de fortune T1 : critique de Thierry Bellefroid [chroniqueur sur BD Paradisio]


C'est une farce, une grosse farce, que nous a concoctée Franz. « Les compagnons de fortune » utilise en effet toutes les ficelles du burlesque, même si les premières pages ne le laissent guère penser. Car c'est vrai que les débuts sont un rien difficiles. On ne s'identifie guère aux personnages et les situations ont un côté trop éculé pour qu'on suive l'histoire avec enthousiasme. La mise en page étriquée de Franz achève de consumer les bonnes volontés. Mais les lecteurs plus assidus sont récompensés ensuite, lorsque surviennent les véritables ingrédients de la saga d'Andrew. Il y a d'abord la rencontre de « la » sauvage sur son île déserte, baptisée Tim. Puis celle « du » pirate, « Pas-de-quartiers », qui va emmener Andrew avec lui. Ces deux personnages font basculer le récit et permettent à Franz d'enfin prendre ses distances avec toutes les autres aventures du genre. A partir de là, c'est une pièce de théâtre de boulevard qu'il nous joue sur le mode de la flibuste. Pour peu qu'on accepte la règle du jeu, on s'amuse, notamment grâce aux apartés de la plupart des personnages. Bon, d'accord, c'est gros, souvent même très gros. Et le scénario use de ficelles un rien trop évidentes (la fin est en effet très facile) mais c'est tellement inattendu dans l'univers de Franz (pensez donc, il n'y a même pas de chevaux dans cet épisode !)... Bref, un moment de détente sans prétention qui ne pourra se prolonger dans d'autres albums qu'à condition de jouer à fond sur l'humour. Car pour le reste, il y a dix exemples de BD de flibuste cent coudées au-dessus.